Le réseau associatif Framasoft, promoteur du Logiciel Libre, lance une grande campagne sur Internet, dont l'objectif est de proposer aux internautes une alternative libre, décentralisée, éthique et solidaire à la suprématie des quatre géants américains Google, Apple, Facebook et Amazon (« GAFA »).

Education populaire et numérique

Framasoft, association d'éducation populaire issue du monde éducatif, se consacre principalement depuis 2003 aux « logiciels libres » en assurant la promotion des programmes open source, en contribuant à l'enrichissement de la culture du libre et en développant les services libres en ligne. La « liberté » des programmes qu'elle promeut, diffuse ou développe, tient au fait que leur code source est ouvert à tous, et accessible sous licence libre, voire transformable pour certains. Framasoft, comme l'April, la Quadrature du Net, l'Aful et d'autres militent pour un Internet de partage et d'indépendance.

« En expliquant, par des tutoriels, comment multiplier les solutions libres permettant un Internet plus équitable, nous facilitons l'essaimage du code et diversifions les usages ».

L'alternative en actions

Sur le site degooglisons-internet.org, une carte de France interactive apparaît, à la façon d'Astérix le Gaulois, à côté de ces mots : « Au milieu des multinationales tentaculaires, quelques organisations non-lucratives continuent de lutter activement pour un Web ouvert et respectueux des internautes ».

Concrètement, le réseau associatif souhaite faire face aux dangers menaçant la vie numérique en proposant des services alternatifs libres, éthiques, décentralisés et solidaires. Il considère que les services tels que Google Docs, Skype, Dropbox, Facebook, Twitter, Youtube et bien d'autres sont en effet bien pratiques, mais en se développant, ils nous ont rendus dépendants. Framasoft souhaite entrer en résistance en proposant un plan de mise en place d'applications sur plusieurs années. Pas d'offensive concurrentielle, simplement proposer un espace numérique neutre, non-commercial et non-agressif envers ses utilisateurs.

« La grandeur des actions humaines se mesure à l'inspiration qui les fait naître ». (Louis Pasteur)

La Fondation Mozilla mène également une campagne de sensibilisation à la notion de vie privée, destinée à tous les internautes qui affirment « n'avoir rien à cacher ». Pour eux, neuf adultes sur dix considèrent avoir perdu le contrôle de la façon dont leurs informations personnelles sont utilisées par les entreprises, et six sur dix souhaitent en faire davantage pour préserver leur vie privée. Nos « maisons en ligne » qui nous servent à partager sont devenues des aquariums où la confidentialité a disparu.

David contre Goo...liath ?

La dernière décennie a vu les anciennes start-up de ces jeunes prodiges de l'informatique devenir des sortes de monstres bouffeurs de données, proliférant et absorbant toute innovation à l'intérieur de leur forteresse commerciale. Cette politique de centralisation agressive est jugée dangereuse pour les libertés de chacun par les défenseurs de la communauté du « libre ». Ceux-là même qui ont œuvré bénévolement pour mettre au point des logiciels que nous utilisons aujourd'hui — LibreOffice, Mozilla, Firefox, Thunderbird, etc. — ont le projet très audacieux de permettre aux citoyens du net de surfer en dehors des sentiers battus des « Big Four » américains.

GAFA, le « kraken numérique »

Google (400 milliards de dollars U.S., Apple (470), Facebook et Amazon ont pulvérisé les lois de l'économie traditionnelle. Hyper-dominants du marché mondial du numérique, super-goinfres de bande passante au monde, ils manipulent notamment notre façon de consommer. Le premier facilite nos démarches sur Internet en créant des liens multiples, connectant la multitude d'appareils de toutes sortes fabriqués et vendus avec leurs applications par le second. Le troisième exploite la quantité astronomique de données (photos, vidéos, infos diverses...), tandis que le dernier nommé tisse chaque jour un peu plus largement la toile de ses activités de services. D'autres monstres sacrés suivent de près le troupeau, comme Microsoft et Yahoo, augmentant à l'excès l'outrageuse domination américaine sur le monde du numérique, et notamment en Europe.

[ lire le rapport d'Olivier Sichel à télécharger sur le site de l'Institut français des relations internationales ]

Malheureusement, tout cela n'est pas sans inconvénient quant à l'expression de nos libertés : en étudiant finements nos comportements lors de nos sessions sur la toile, ils ont appris à tout connaître de nous¹, anticipant nos désirs et stockant pour nous bon nombre de données privées, des listes de contacts aux photos en passant par les courriels... Tout cela est solidement consolidé par un réseau très fermé de fournisseurs, accessible aux seuls qui peuvent se le payer.

(¹) Si vous souhaitez constater de visu qui espionne vos balades sur Internet, téléchargez l'extension LightBeam pour le navigateur Mozilla Firefox : elle permet de visualiser les site intrusifs. Vous serez surpris !

C'est jouable ou ...utopique ?

Pourrons-nous suivre cet élan d'indépendance initié par Framasoft ? Nous sommes confrontés chaque jour à nos habitudes, qu'il nous faut remettre en question pour notre développement personnel ou pour sauver la planète. Alors pourquoi pas rajouter quelques éléments sur nos listes des gestes à améliorer ? Sans conteste, il nous est loisible, pas à pas, de sortir de la spirale des réseaux en ligne pour éviter de nous faire consommer tout cru, et sortir de nos tics numériques pour emprunter de nouvelles voies de pratiques en ligne, plus propres, plus libres. Cela ne se fera pas sans heurts ni sans obstacles, sans prendre le temps de s'informer — ou de se former.

Alors bienvenue pour découvrir quelles expériences se déroulent près de chez vous sur degooglisons-internet.org. Bon surf !